Dans les premières années de la
vie, les moments de séparation et de retrouvailles entre un enfant et ses
figures d’attachement (souvent les parents) jouent un rôle fondamental dans le
développement affectif et social de l’enfant. Ces instants, parfois banals pour
les adultes, sont vécus avec une grande intensité émotionnelle par le jeune
enfant, car ils touchent à sa sécurité intérieure.
Comprendre la séparation
La séparation commence dès les
premiers mois, lorsqu’un bébé comprend qu’il est une personne distincte de sa
mère ou de ses proches. Cette prise de conscience, qui émerge généralement
autour de 8-10 mois, est souvent accompagnée d’angoisse : on parle d’angoisse
de séparation. À ce moment-là, l’absence du parent peut être vécue comme
une perte définitive, d’autant plus que l’enfant n’a pas encore une notion
stable du temps ni la certitude du retour.
Les séparations quotidiennes, comme
celles liées à l’entrée en crèche ou à la garde chez une assistante maternelle,
doivent donc être préparées et ritualisées. Un au revoir clair, des mots
rassurants et des routines prévisibles permettent à l’enfant de mieux tolérer
la séparation.
L’importance des retrouvailles
Les retrouvailles sont tout aussi
cruciales. Elles permettent à l’enfant de vérifier que le lien reste intact
malgré l’absence. Un accueil chaleureux, une disponibilité affective, et le
fait de prendre le temps d’écouter ce que l’enfant a à « raconter »,
même sans mots, renforcent la sécurité affective. Ce moment donne du sens à la
séparation : « tu es parti, tu es revenu, et notre lien est toujours là ».
Le rôle de l’adulte accompagnant
Qu’il s’agisse d’un parent ou d’un
professionnel de la petite enfance, l’adulte a un rôle de base de sécurité.
Il est celui qui contient les émotions de l’enfant, le rassure par sa constance
et son empathie. Plus l’adulte est serein et confiant, plus l’enfant pourra
s’appuyer sur lui pour traverser les moments de séparation.
Accompagner avec bienveillance
Chaque enfant vit la séparation à
sa manière. Certains pleurent, d’autres s’isolent, d’autres encore semblent
indifférents mais expriment leur malaise plus tard. Il est essentiel de
respecter le rythme de chacun, sans minimiser ses émotions, ni dramatiser la
situation. Le lien de confiance entre l’adulte et l’enfant se construit jour
après jour, dans ces allers-retours affectifs que sont les séparations et les
retrouvailles.
Christine GONUL, éducatrice de jeunes enfants.
Publié en juin 2025